Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/80

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l’Empereur ; c’est une remarque dont on peut vérifier la justesse dans les rues mêmes de Pétersbourg : aussi n’est-ce pas par luxe qu’on s’y promène en voiture à quatre chevaux conduits par un cocher et un postillon. Là, une visite est une excursion. Les chevaux russes, pleins de feu et de nerf, n’ont pas autant de force musculaire que les nôtres ; la rudesse des pavés les fatigue : deux chevaux auraient de la peine à traîner longtemps dans les rues de Pétersbourg une voiture ordinaire ; l’attelage de quatre est donc un objet de première nécessité pour quiconque veut aller un peu dans le monde.

Parmi les gens du pays, tous n’ont pas le droit d’avoir quatre chevaux à leur voiture ; on n’accorde cette permission qu’à des personnes d’un certain rang

Pour peu que vous vous éloigniez du centre de la ville, vous vous perdez dans des terrains vagues, bordés de baraques qui semblent destinées à loger des ouvriers rassemblés là provisoirement pour quelque grand travail. Ce sont des magasins de fourrages, des hangars remplis d’habillements et de toutes sortes d’approvisionnements pour les soldats : on se croit au moment d’une revue où à la veille d’une foire qui n’arrive jamais. L’herbe croît dans ces soi-disant rues, toujours désertes, parce qu’elles sont trop spacieuses pour la population qui les parcourt.