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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/91

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ment : la justesse, la promptitude de leur coup d’œil est admirable ; et, soit qu’ils conduisent à deux ou à quatre chevaux, ils ont toujours deux rênes pour chaque cheval, et les tiennent à pleines mains, avec force, les bras tendus en avant, très-loin du corps ; nul embarras ne les arrête. Bêtes et hommes à demi sauvages parcourent précipitamment la ville avec un air de liberté inquiétant ; mais la nature les a rendus prestes, adroits ; aussi, malgré l’extrême audace de ces cochers, les accidents sont-ils rares dans les rues de Pétersbourg. Souvent ces hommes n’ont pas de fouet ; quand ils en ont un, il est si court qu’ils ne peuvent s’en servir. Ne faisant pas non plus usage de la voix, ils ne mènent que des rênes et du frein. Vous pouvez parcourir Pétersbourg pendant des heures sans entendre un seul cri. Si les piétons ne se rangent pas assez vite, le falleiter (postillon de volée qui monte le cheval de droite des attelages à quatre chevaux) pousse un petit glapissement assez semblable aux gémissements aigus d’une marmotte relancée dans son gîte ; à ce bruit menaçant, qui veut dire : Rangez vous ! tout s’écarte, et la voiture a passé, comme par magie, sans ralentir son train.

Les équipages sont en général dépourvus de goût et mal tenus ; les voitures, mal lavées, mal peintes, encore plus mal vernies, n’ont pas de véritable élégance : si l’on en fait venir une d’Angleterre, elle ne