Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/92

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résiste que peu de temps aux pavés de Pétersbourg et au train des chevaux russes. Les harnais solides, légers et gracieux, sont faits d’excellent cuir ; en somme, malgré la négligence des gens d’écurie, et le peu d’invention des ouvriers, l’ensemble des équipages a un caractère original et pittoresque qui remplace jusqu’à un certain point le soin minutieux dont on se pique ailleurs ; et comme les grands seigneurs vont toujours à quatre chevaux, les cérémonies de la cour ont bon air, même vues de la rue.

On n’attelle quatre chevaux de front que pour les voyages et les longues courses hors de la ville, dans Pétersbourg les chevaux vont toujours deux à deux ; les traits de volée sont démesurément longs ; l’enfant qui les mène est costumé à la persane, de même que le cocher : cet habit, nommé armiak, ne convient pourtant qu’à l’homme assis sur son siége, il n’est pas commode pour enfourcher un cheval ; mais malgré ce désavantage le postillon russe est leste et hardi.

Je ne saurais vous peindre le sérieux, la fierté silencieuse, l’adresse, l’imperturbable témérité de ces petits polissons slaves ; leur insolence et leur habileté font ma joie chaque fois que je me promène dans la ville ; voilà pourquoi je vous parle d’eux souvent et en détail ; enfin, et c’est chose plus rare ici qu’ailleurs, ils ont l’air heureux.

Il est dans la nature de l’homme d’éprouver du