Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/93

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contentement à bien faire ce qu’il fait ; les cochers et les postillons russes, étant des plus habiles du monde, peuvent se trouver satisfaits de leur condition, quelque dure qu’elle soit d’ailleurs.

Il faut dire aussi que ceux qui sont au service des seigneurs se piquent d’élégance et paraissent bien soignés ; mais les chevaux de remise et leurs tristes conducteurs me font pitié, tant leur vie est dure : ils demeurent dans la rue depuis le matin jusqu’au soir, à la porte de la personne qui les loue ou sur les places que la police leur assigne. Les bêtes toujours attelées, et les hommes toujours sur le siége, mangent à leur poste, sans l’abandonner un instant. Pauvres chevaux !… je plains moins les hommes ; le Russe a le goût de la servitude. On donne aux chevaux des auges portatives, posées sur des tréteaux : ainsi, vous trouvez votre voiture prête chaque fois que vous voulez sortir, sans qu’il soit nécessaire de la commander.

Cependant les cochers ne vivent de cette manière que pendant l’été ; pour l’hiver, ils ont des hangars bâtis au milieu des places les plus fréquentées. On allume de grands feux autour de ces abris à portée des spectacles, des palais et de tous les lieux où se donnent des fêtes, et c’est là que se réchauffent les domestiques ; néanmoins il ne se passe guère de nuit de bal, au mois de janvier, sans qu’un homme ou deux meurent de froid dans la rue ; les précautions mêmes