Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/18

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noire et que le ciel est clair, tandis qu’à l’est, ce qui s’élève sur la terre est éclairé et se détache en blanc sur un ciel sombre ; ce contraste produit à l’œil un effet que les paroles ne rendent que très-imparfaitement. La lente dégradation des teintes du crépuscule, qui semble perpétuer le jour en luttant contre l’obscurité toujours croissante, communique à toute la nature un mouvement mystérieux : les terres basses de la ville, avec leurs édifices peu élevés au bord de la Néva, semblent osciller entre le ciel et l’eau : on s’attend à les voir disparaître dans le vide.

La Hollande, quoiqu’elle ait un meilleur climat et une plus belle végétation, pourrait donner l’idée de quelques-unes des vues de Pétersbourg, mais seulement en plein jour, car les nuits polaires ont des apparitions merveilleuses.

Plusieurs des tours et des clochers de la ville sont, comme je vous l’ai dit ailleurs, surmontés de flèches aiguës et qui ressemblent à des mâts de vaisseau ; la nuit, ces aigrettes des monuments russes, dorées selon l’usage national, nagent dans le vague de l’air, sous un ciel qui n’est ni noir ni clair, et lorsqu’elles ne s’y détachent pas en ombre, elles brillent de mille reflets semblables à la moire des écailles du lézard.

Nous sommes au commencement du mois d’août, c’est la fin de l’été sous cette latitude : pourtant une petite partie du ciel reste encore lumineuse pendant