Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/388

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les seules connues dans les anciennes sociétés. Malencontreuse vanité de parvenus ! vous étiez à l’abri des coups, vous vous y exposez sans mission.

Quelles seront les terribles conséquences de la vanité politique de quelques hommes ?… Ce pays, martyr d’une ambition qu’à peine il comprend, tout bouillonnant, tout saignant, tout pleurant au dedans, veut paraître calme pour devenir fort ; blessé, il cache ses plaies !… et quelles plaies ? un cancer dévorant ! Cependant ce gouvernement chargé d’un peuple qui succombe sous le joug ou qui brise tout frein, s’avance d’un front serein contre des ennemis qu’il va chercher gratuitement, il leur oppose un air calme, une allure fière, un langage ferme, menaçant, ou du moins un langage qui peut faire soupçonner une pensée menaçante,… et tout en jouant cette comédie politique il se sent le cœur piqué des vers.

Ah ! je plains la tête d’où partent et où répondent les mouvements d’un corps si peu sain !… Quel rôle à soutenir ! Défendre par de continuelles supercheries une gloire fondée sur des fictions ou tout au moins sur des espérances !! Quand on pense qu’avec moins d’efforts on ferait un vrai grand peuple, de vrais grands hommes, un vrai héros, on n’a plus assez de pitié pour le malheureux objet des appréhensions et de l’envie de l’univers, pour l’Empereur de Russie, qu’il s’appelle Paul, Pierre, Alexandre ou Nicolas !