Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/49

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quinze ans !…) d’une famille dont le chef a conspiré contre moi. » Doutez de cette réponse, j’en voudrais douter moi-même, mais j’ai la preuve qu’elle est vraie. La personne qui me l’a redite, mérite toute confiance ; d’ailleurs les faits parlent : la lettre n’a rien changé au sort des exilés.

Et la Russie se vante de l’abolition de la peine de mort !!… Modérez votre zèle, abolissez seulement le mensonge qui préside à tout, défigure tout, envenime tout chez vous, et vous aurez fait assez pour le bien de l’humanité.

Les parents des exilés, les Troubetzkoï, famille puissante, vivent à Pétersbourg ; et ils vont à la cour !!!… Voilà l’esprit de corps, la dignité, l’indépendance de l’aristocratie russe. Dans cet Empire de la violence, la peur justifie tout !… bien plus, elle est assurée d’une récompense. La peur, embellie du nom de prudence et de modération, est le seul mérite qui ne reste jamais oublié.

Il y a ici des personnes qui accusent la princesse Troubetzkoï de folie : « Ne peut-elle revenir seule à Pétersbourg ? » dit-on. La dérision de la bassesse, c’est le coup de pied de l’âne. Fuyez un pays où l’on ne tue pas légalement, il est vrai, mais où l’on fait des familles de damnés au nom d’un fanatisme politique qui sert à tout absoudre.

Plus d’hésitation, plus d’incertitude ; pour moi,