Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/52

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Chè se’l conte Ugolino aveva voce
D’aver tradita te delle castella ;
Non dovei tui figliuoi porre a tal croce ?
Innocenti facea l’età novella,
Novella Tebe ! Uguccion, e’l Brigata
E gli altri duo, ch’el canto suso appella.

« Ah ! Pise ! honte des peuples de cette belle contrée, où le oui est sonore ; puisque les voisins sont lents à te punir, que la Capraia et la Gorgona s’ébranlent et forment digue à l’Arno près de la mer afin qu’il noie chez toi tous tes citoyens. Que si le comte Ugolin passait pour avoir livré tes forteresses, devais-tu condamner ses enfants à un tel supplice ? Innocents les faisait leur âge encore nouveau, nouvelle Thèbes, Uguiccion et le Brigata et les autres, que j’ai chantés plus haut[1]. »

  1. À quoi servent les institutions dans un pays où le gouvernement est au-dessus des lois, où le peuple languit dans l’oppression à côté de la justice, qui lui est montrée de loin comme on présente un morceau friand à un chien qu’on bat s’il ose en approcher, comme une curiosité qui subsiste à condition que personne n’y touche ? On croit rêver quand, sous un régime aussi cruellement arbitraire, on lit dans la brochure de M. J. Tolstoï, intitulée : Coup d’œil sur la législation russe, suivi d’un léger aperçu sur l’administration de ce pays, ces paroles dérisoires : « C’est elle (l’Impératrice Elisabeth) qui décréta l’abolition de la peine de mort ; cette question si difficile à résoudre, que les publicistes les plus éclairés, les criminalistes et les jurisconsultes de nos jours ont examinée, controversée et débattue sous toutes ses faces sans parvenir à en trouver la solution, Elisabeth l’a résolue il y a environ un siècle