Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/74

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mène du siége. Ce postillon ou cocher tient dans ses mains tout un sac de cordes ; ce sont les huit rênes du quadrige : deux pour chacun des chevaux attelés de front. La grâce, la facilité, la prestesse et la sûreté avec lesquelles il dirige ce pittoresque attelage ; la vivacité de ses moindres mouvements, la légèreté de sa démarche lorsqu’il met pied à terre, sa taille élancée, sa manière de porter ses vêtements, toute sa personne enfin rappelle les peuples les plus naturellement élégants de la terre, et surtout les gitanos d’Espagne. Les Russes sont des gitanos blonds.

Déjà j’ai aperçu quelques paysannes moins laides que celles des rues de Pétersbourg. Leur taille manque toujours de finesse, mais leur visage a de l’éclat, leur teint est frais et brillant, dans cette saison, leur coiffure consiste en un mouchoir d’indienne lié autour de la tête, et dont les pointes retombent par derrière avec une grâce qui me paraît naturelle à ce peuple, Elles portent quelquefois une petite redingote coupée aux genoux, liée à la taille avec une ceinture et fendue au-dessous des hanches pour former deux basques qui s’ouvrent par devant en laissant voir la jupe. La forme de cet ajustement a de l’élégance, mais ce qui dépare ces femmes, c’est leur chaussure : elle consiste en une paire de bottes de cuir gras à grosses semelles arrondies du bout. Les pieds de ces bottes sont larges, grimaçants, et la tige en est plissée au