Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/132

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la foire des marchandises de la Chine et surtout du thé. Tout cela captive l’imagination, mais je ne trouve pas que les yeux soient également satisfaits. Les tableaux pittoresques manquent à cette foire dont tous les bâtiments sont neufs.

Hier à mon arrivée, j’ai cru que nos chevaux écraseraient vingt personnes avant d’atteindre le quai de l’Oka ; ce quai est la nouvelle Nijni, faubourg qui d’ici à peu d’années deviendra considérable. C’est une longue rangée de maisons resserrées entre l’Oka qui s’approche de son embouchure dans le Volga et la côte qui l’encaisse de ce côté de son cours ; la crête de cette côte est hérissée de murailles formant l’enceinte extérieure du Kremlin de Nijni ; la ville haute disparaît derrière ces murailles et derrière la montagne. Quand j’eus touché au bord désiré, je trouvai bien d’autres difficultés qui m’attendaient ; il fallait avant tout me loger, et les auberges étaient combles. Mon feldjæger frappait à toutes les portes et revenait toujours me dire avec le même sourire, féroce à force d’immobilité, qu’il n’avait pu trouver une seule chambre. Il me conseillait d’aller demander l’hospitalité au gouverneur ; c’est ce que je ne voulais pas faire.

Enfin, arrivés à l’extrémité de cette longue rue, au pied de la route qui monte à la vieille ville par une pente très-rapide et qui passe sous un arc obscur, pratiqué à travers un pan de l’épaisse muraille cré-