Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/180

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vation soit quelque part. Le déplacement d’idées que je note à ce propos est un phénomène politique dont jusqu’à ce jour la Russie seule m’a fourni l’exemple. Sous le despotisme absolu c’est le gouvernement qui est révolutionnaire, parce que révolution veut dire régime arbitraire et pouvoir violent[1].

Le gouverneur a tenu sa promesse ; il m’a mené voir dans le plus grand détail les travaux ordonnés par l’Empereur pour faire de Nijni tout ce qu’on peut faire de cette ville, et pour réparer les erreurs des hommes qui l’ont fondée. Une route magnifique montera des bords de l’Oka dans la ville haute, séparée de la basse, comme je vous l’ai déjà dit, par une crique très-élevée ; des précipices seront comblés, des rampes tracées ; on fera de magnifiques percées dans la terre même de la montagne ; des substructions immenses soutiendront des places publiques, des rues et des édifices ; ces travaux sont dignes d’une grande cité commerciale. Les entailles qui se pratiquent dans la falaise, les ponts, les esplanades, les terrasses, changeront un jour Nijni en une des plus belles villes de l’Empire ; tout cela est grand ! mais voici qui vous paraîtra petit. Comme Sa Majesté a pris la ville de Nijni sous sa protection spéciale,

  1. Lire l’ukase sur les monnaies, extrait du Journal de Pétersbourg du 23 juillet 1839, à la fin de cette lettre.