Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/275

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car ceux de la poste étaient déjà dans la cour de l’auberge quand je donnai ce contre-ordre.

Vers dix heures, j’allai faire à M. le consul de France le récit de ce que vous venez de lire. Je trouvai ce protecteur officiel des Français tout aussi prudent et encore plus froid que ne m’avait paru le docteur R***. Depuis le temps qu’il vit à Moscou, le consul de France est devenu presque Russe. Je ne pus démêler si ses réponses étaient dictées par une crainte fondée sur la connaissance qu’il a des usages du pays, ou par un sentiment d’amour-propre blessé, de dignité personnelle, mal appliqué.

« M. Pernet, me dit-il, a passé six mois à Moscou et aux environs, sans que, pendant tout ce temps, il ait jugé à propos de faire la moindre démarche auprès du consul de France. M. Pernet ne peut donc compter aujourd’hui que sur lui-même pour se tirer de la situation où l’a placé son insouciance. Ce mot, ajouta M. le consul, est peut-être trop faible ; » puis il finit en me répétant qu’il ne pouvait, ne devait ni ne voulait se mêler de cette affaire.

J’eus beau lui faire observer qu’en sa qualité de consul de France, il devait protection à tous les Français sans acception de personnes, et même à ceux qui manqueraient aux lois de l’étiquette ; qu’il ne s’agissait pas ici d’une question de bon goût, d’une affaire de cérémonie, mais de la liberté, peut-être