Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/274

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Étranger ici comme lui, sans crédit, qu’ai-je à faire ? S’il est innocent, l’arrestation n’aura pas de suite ; s’il est coupable, il subira sa peine. Je ne puis rien pour lui, je ne lui dois rien, et je vous engage, monsieur, à mettre vous-même beaucoup de réserve dans les démarches que vous tenterez en sa faveur, ainsi que dans vos paroles.

— Mais qui décidera de sa culpabilité ? m’écriai-je. Avant tout, il faudrait le voir pour savoir à quoi il attribue cette arrestation, et pour lui demander ce qu’on peut faire et dire pour lui.

— Vous oubliez le pays où nous sommes, reprit M. R *** ; il est au cachot ; comment arriver jusqu’à lui ? c’est impossible.

— Ce qui est impossible aussi, repris-je en me levant, c’est que des Français, que des hommes laissent un de leurs compatriotes dans une situation critique, sans seulement s’enquérir de la cause de son malheur.

En sortant de chez ce très-prudent compagnon de voyage, je commençai à croire le cas plus grave que je ne l’avais jugé d’abord, et je pensai que pour m’éclaircir de la vraie position du prisonnier, il fallait m’adresser au consul de France. Forcé d’attendre l’heure convenable pour me rendre chez ce personnage, je fis demander mes chevaux de remise, au vif déplaisir et à la grande surprise de mon feldjæger ;