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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/284

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stantinople et quelques autres sépultures intéressantes. Elle ressemble à toutes les églises russes : peut être n’est-elle pas plus authentique que la cathédrale soi-disant ancienne, où reposent les os de Minine à Nijni-Novgorod ; je ne crois plus à la date d’aucun des vieux monuments qu’on me fait voir en Russie. Je crois encore au nom des fleuves ; le Volkoff m’a représenté les affreuses scènes du siège de cette ville républicaine, prise, reprise et décimée par Ivan le Terrible. L’hyène Impériale présidant au carnage, à la peste, à la vengeance, m’apparaissait là, couchée sur des ruines ; et les cadavres sanglants de ses sujets ressortaient du fleuve comblé de morts pour attester à mes yeux les horreurs des guerres intestines, et les fureurs qui s’allument dans les sociétés qu’on appelle civilisées parce que des forfaits qualifiés d’actes de vertus s’y commettent en sûreté de conscience. Chez les sauvages, les passions déchaînées sont les mêmes, et plus brutales, et plus féroces encore ; mais elles ont moins de portée : là, l’homme, réduit à peu près à ses forces individuelles, y fait le mal sur une plus petite échelle ; d’ailleurs, l’atrocité des vaincus explique, si elle n’excuse la cruauté des vainqueurs ; mais dans les États policés, le contraste des horreurs qui se commettent et des belles paroles qui se débitent, rend le crime plus révoltant et montre l’humanité sous un point de vue plus décourageant. Là, trop