Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/295

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naux russes, situé à quelques lieues de la capitale. C’est dans cette fabrique que se confectionnent tous

    à Moscou, n’ont rien éclairci : on lui dit que son ambassadeur l’avait réclamé, et on lui intima simplement l’ordre de quitter la Russie. Il demanda et obtint la permission de prendre la route de Pétersbourg.
        Il désirait remercier l’ambassadeur de France de la liberté qu’il lui devait. Il désirait aussi obtenir quelques éclaircissements sur la cause du traitement qu’il venait de subir. M. de Barante tâcha, mais en vain, de le détourner du projet d’aller s’expliquer chez M. de Benkendorf, le ministre de la police Impériale. Le prisonnier délivré demanda une audience ; elle lui fut accordée. Il dit au ministre qu’ignorant la cause de la peine qu’il avait subie, il désirait savoir son crime avant de quitter la Russie.
        Le ministre lui répondit brièvement qu’il ferait bien de ne pas pousser plus loin ses investigations à ce sujet, et il le congédia en lui réitérant l’ordre de sortir de l’Empire sans retard.
        Tels sont les seuls renseignements que j’ai pu obtenir moi-même de M. Pernet. Ce jeune homme, ainsi que toutes les personnes qui ont vécu pendant un peu de temps en Russie, a pris le ton mystérieux, réservé, auquel les étrangers qui séjournent dans cette contrée n’échappent pas plus que les habitants du pays eux-mêmes. On dirait qu’en Russie un secret pèse sur toutes les consciences.
        Sur mes instances, M. Pernet finit par me dire qu’à son premier voyage on lui avait donné, dans son passe-port, le titre de négociant, et celui d’avocat au second voyage ; il ajouta quelque chose de plus grave : c’est qu’avant d’arriver à Pétersbourg, voguant sur un des bateaux à vapeur de la mer Baltique, il avait exprimé librement son opinion contre le despotisme russe devant plusieurs individus qu’il ne connaissait pas.
        Il m’assura, en me quittant, que ses souvenirs ne lui retraçaient