les objets nécessaires à la marine Impériale. On arrive à Kolpino par une route de sept lieues dont la dernière moitié est détestable. L’établissement est dirigé par un Anglais, M. Wilson, honoré du grade de général (toute la Russie est enrégimentée)[1] ; il nous fit les honneurs de ses machines en véritable ingénieur russe, c’est-à-dire qu’il ne nous permit pas de négliger un clou ni un écrou ; escortés par lui, nous avons passé en revue près de vingt ateliers d’une grandeur immense. Cette extrême complaisance du directeur méritait sans doute beaucoup de reconnaissance ; j’en exprimai peu, c’était encore plus que je n’en ressentais ; la fatigue rend ingrat presque autant que l’ennui.
Ce que nous trouvâmes de plus admirable dans la longue revue qu’on nous obligea de faire des mécaniques de Kolpino, c’est une machine de Bramah
- ↑ On se rappelle ce que j’ai dit du tchinn, Lettre dix-neuvième, vol. II.
nulle autre circonstance qui pût motiver le traitement qu’il avait
éprouvé à Moscou.
Je ne l’ai jamais revu ; mais, par un hasard aussi singulier que
les circonstances qui m’ont fait jouer un rôle dans cette histoire,
c’est deux ans plus tard que j’ai rencontré une personne de sa
famille, qui me dit qu’elle savait le service que j’avais rendu à son
jeune parent, et qui m’en remercia. Je dois ajouter que cette personne
a des opinions conservatrices, religieuses, et je répète qu’elle
et sa famille sont estimées et respectées de tout ce qui les connaît
dans le royaume de Sardaigne.