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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/311

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est muette et fermée comme la tombe, on se passe aisément de l’échafaud !!…

L’idée que je respirais le même air que tant d’hommes injustement opprimés, et séparés du monde, me privait du repos le jour et la nuit. J’étais parti de France effrayé des abus d’une liberté menteuse, je retourne dans mon pays, persuadé que si le gouvernement représentatif n’est pas le plus moral, logiquement parlant, il est sage et modéré dans la pratique ; quand on voit que d’un côté il préserve les peuples de la licence démocratique, et de l’autre des abus les plus criants du despotisme, abus d’autant plus hideux que les sociétés qui les tolèrent sont plus avancées dans la civilisation matérielle, on se demande s’il ne faut pas imposer silence à ses antipathies et subir sans se plaindre une nécessité politique qui, après tout, apporte aux nations préparées pour elle plus de bien que de mal.

À la vérité, jusqu’à présent cette nouvelle et savante forme de gouvernement n’a pu se consolider que par l’usurpation. Peut-être ces usurpations définitives, suivies d’une hypocrisie indispensable pour suppléer la légitimité, avaient-elles été rendues inévitables par toutes les fautes précédentes ; c’est une question de politique religieuse que le temps, le plus sage des ministres de Dieu sur la terre, résoudra pour nos neveux. Ceci me rappelle une pensée pro-