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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/319

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mencent à y remplir leur mission ; une vigoureuse résistance leur est opposée par les paysans soutenus de leur seigneur. Les prêtres russes (popes) en informent le gouvernement, et aussitôt l’Empereur donne ordre de dépouiller M. Makowiecki de toutes ses possessions et de l’exiler en Sibérie ; soutenus par des troupes russes, les prêtres recommencent leur mission ; malgré des cruautés inouïes, ces malheureux paysans résistent encore ; mais, après deux ans, ils embrassent le rite schismatique ! L’Empereur envoie alors au ministre de l’intérieur, Nikolajovicz Bloudow, l’ukase suivant, dans lequel se peint l’expression d’une amère moquerie : « Rendez à Makowiecki sa liberté et ses terres, car tous ses paysans sont devenus Russes orthodoxes. »

« Des scènes pareilles eurent lieu dans les paroisses ruthéniennes unies de Radoml et Oszmiana. Les habitants de Radoml avaient résisté pendant trois jours et trois nuits contre des soldats russes, et avaient défendu leur église avec un héroïsme rare ; mais enfin, vaincus par le nombre, ils cédèrent et embrassèrent le schisme. À Oszmiana, M. Mirski, propriétaire, fut dépouillé de ses biens et exilé en Sibérie, pour n’avoir pas voulu livrer les clefs de l’église après que ses paysans, forcés par les moyens ordinaires, avaient embrassé le culte schismatique.

« Des prêtres russes sont fréquemment envoyés dans les terres de ceux des nobles qui ont embrassé le culte latin ; ils s’y permettent les plus grandes cruautés pour forcer les habitants à adopter le schisme ; car, suivant une dialectique toute particulière du gouvernement russe, ces nobles, pour avoir embrassé le culte latin, n’ont plus aucun droit sur leurs paysans ruthéniens unis. Dans les villages où les paysans, pour sauver leur culte, ont, depuis Catherine II, embrassé le