Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/318

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l’est devenue beaucoup plus sous le règne actuel. Catherine II avait au moins laissé aux prêtres et aux croyants ruthéniens unis la triste alternative de passer à l’Église latine ou d’embrasser le schisme. Grâce à l’activité et au zèle d’un grand nombre de curés, qui embrassèrent le rite latin, un grand nombre de paroisses furent conservées à l’Église. Le gouvernement actuel, non-seulement défend aux prêtres d’embrasser le rite latin, mais il contraint même tous les Ruthéniens unis qui, sous Catherine II, Paul Ier et Alexandre, ont embrassé le rite latin de retourner au schisme.

« Un ukase de Catherine II, de l’année 1789, fut remis en vigueur en 1833, et renforcé par de sévères additions. Cet ukase ordonne de punir comme rebelle tout catholique, fût-il prêtre ou laïque, d’une condition basse ou élevée, toutes les fois qu’on le verra s’opposer, soit par des paroles, soit par des actions, au progrès du culte dominant, ou empêcher, de quelque manière que ce soit, la réunion à l’Église russe de familles ou villages séparés. »

« Appuyé sur cette effroyable loi, le gouvernement envoyait ses prêtres, en qualité de missionnaires bibliques, dans les propriétés de ceux des nobles qui se distinguent par leur attachement aux dogmes de leur Église ; ces prêtres emploient toute sorte de moyens pour forcer les campagnards à embrasser le culte schismatique ; leur tâche est facile, car tout individu qui leur résiste, et qui provoque ses coreligionnaires à rester fidèles au culte catholique est aussitôt traité de rebelle et jeté dans les prisons. Mais cette loi est insuffisante, malgré sa tyrannie, à détruire partout le zèle des fidèles. Parmi une foule d’exemples, nous en choisirons un seul. En 1836, des prêtres russes arrivent dans les terres de M. Makowiecki, riche propriétaire du district de Vitepsk, et com-