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Le développement des êtres organisés est plus ou moins prompt et plus ou moins étendu, selon que les circonstances lui sont plus ou moins favorables. La chaleur, l’abondance et l’espèce de la nourriture, d’autres causes encore y influent, et cette influence peut être générale sur tout le corps, ou partielle sur certains organes ; de là vient que la similitude des descendants avec leurs parents ne peut jamais être parfaite.

Les différences de ce genre, entre les êtres organisés, sont ce qu’on appelle des variétés.

On n’a aucune preuve que toutes les différences qui distinguent aujourd’hui les êtres organisés soient de nature à avoir pu être ainsi produites par les circonstances. Tout ce que l’on a avancé sur ce sujet est hypothétique ; l’expérience paraît montrer au contraire que, dans l’état actuel du globe, les variétés sont renfermées dans des limites assez étroites, et, aussi loin que nous pouvons remonter dans l’antiquité, nous voyons que ces limites étaient les mêmes qu’aujourd’hui.

On est donc obligé d’admettre certaines formes, qui se sont perpétuées depuis l’origine des choses sans excéder ces limites ; et tous les êtres appartenant à l’une de ces formes constituent ce que l’on appelle une espèce. Les variétés sont des subdivisions accidentelles de l’espèce.

La génération étant le seul moyen de connaître les limites auxquelles les variétés peuvent s’étendre, on doit définir l’espèce, la réunion des individus