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l’être qui les punit est libre de ne pas le faire, prennent devant lui l’air suppliant quand ils se sentent coupables ou qu’ils le voient fâché. Ils se perfectionnent ou se corrompent dans la société de l’homme ; ils sont susceptibles d’émulation et de jalousie ; ils ont entre eux un langage naturel qui n’est, à la vérité, que l’expression de leurs sensations du moment ; mais l’homme leur apprend à entendre un langage beaucoup plus compliqué par lequel il leur fait connaître ses volontés et les détermine à les exécuter.

En un mot, on aperçoit dans les animaux supérieurs un certain degré de raisonnement avec tous ses effets bons et mauvais, et qui paraît être à peu près le même que celui des enfants lorsqu’ils n’ont pas encore appris à parler. À mesure qu’on descend à des animaux plus éloignés de l’homme, ces facultés s’affaiblissent ; et, dans les dernières classes, elles finissent par se réduire à des signes, encore quelquefois équivoques, de sensibilité, c’est-à-dire quelques mouvements peu énergiques pour échapper à la douleur. Les degrés entre ces deux extrêmes sont infinis.

Mais il existe dans un grand nombre d’animaux une faculté différente de l’intelligence ; c’est celle qu’on nomme instinct. Elle leur fait produire de certaines actions nécessaires à la conservation de l’espèce, mais souvent tout-à-fait étrangères aux besoins apparents des individus, souvent aussi très