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Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/123

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occupa peu l'Héritier. Rigoureux sectateur d'une partie seulement des idées de Linnæus, il écarta toujours de ses ouvrages ce qui était étranger aux méthodes artificielles du maître qu'il s'était choisi ; et soit qu'il estimât peu les vues des botanistes modernes, soit qu'il se défiât de ses propres forces et n'osât s'engager à leur suite, il n'a jamais voulu participer aux efforts qu'ils ont faits pour perfectionner les familles naturelles.

Cependant il faut avouer que, s'il se concentra dans un genre un peu borné, il fit du moins les plus grands efforts pour y arriver à la perfection, et qu'il s'en est fort approché. Ses ouvrages de botanique sont estimés dans toute l'Europe pour l'exactitude des descriptions, la minutieuse recherche des caractères, la grandeur et le fini des planches.

Je parle à dessein de ce dernier article, parce qu'il est très important en histoire naturelle, ou nulle description ne peut suppléer aux figures, et où les plus grands talents ne suffisent pas pour faire de bonnes figures, s'ils ne sont dirigés par la science. Il serait donc injuste de refuser aux auteurs leur part de ce mérite ; surtout le serait-il de l'enlever à l'Héritier, qui sut non-seulement bien choisir, encourager à propos et diriger avec habileté les artistes qu'il employa, mais qui sut même en former. Redoute et Sellier reconnaissent qu'ils lui doivent en grande partie le développement de leur talent.

On lui a reproché d'avoir changé une partie des noms donnés aux plantes par ses prédécesseurs. Linnæus, qui a changé presque tous ceux de la botanique, est