Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/122

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Il ne pouvait, par caractère, s'occuper d'une science sans avoir aussitôt le désir de s'asseoir au rang des maîtres. Il se hâta donc de jeter un coup d'œil sur la botanique en général, et de chercher la partie de cette science où il pourrait le plus aisément réparer le temps qu'il avait perdu, et arriver a des découvertes.

Dans l'histoire de Lemonnier, je vous ai peint une botanique qu'on peut appeler celle de l'homme sensible : elle contemple, dans les végétaux, l'élégance et la symétrie de leurs formes, la fraîcheur et l'éclat de leurs couleurs ; elle y étudie cet accord de toutes les parties, cette marche régulière de leur développement, qui la ramènent sans cesse vers l'idée d'une intelligence ordonnatrice.

Il en est une autre, moins livrée à l'imagination, plus froide dans ses vues, plus sévère dans ses travaux, plus sèche dans son style : elle distingue, elle dénombre toutes les plantes ; elle assigne à chacune d'elles son nom et son rang, elle détermine les marques auxquelles on doit les reconnaître ; elle tient en quelque façon le registre du règne végétal, et son principal soin est d'y inscrire à leur place les objets nouveaux que fournissent les divers climats : c'est la botanique du nomenclateur, celle que l'Héritier adopta de préférence.

Il en est bien encore une troisième, qui prend un vol plus élevé, qui cherche à fixer les rapports des nombreuses familles des plantes, et à réduire sous des lois générales la variété si bizarre en apparence de leur structure : on pourrait l'appeler la botanique du philosophe. Mais cette dernière façon de considérer la science