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Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/131

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nous approchons des augustes sanctuaires où se décident les intérêts des citoyens ; de ces lieux ou la gravité et le recueillement sont un devoir rigoureux ; où la plus sublime vertu consiste à imposer silence aux vertus, pour peu qu'elles semblent s'opposer à l'ordre qu'on doit maintenir ; où la générosité, l'humanité deviendrait faiblesse si elles tentaient de résister à l'inflexible justice. Ce sont les sentiments mêmes de l'Héritier que j'exprime, et presque ses paroles que j'emploie. Il régla toujours son langage et ses actions sur ces maximes conservatrices de l'ordre social, et il obtint, ce qui en est la suite ordinaire, le respect et la confiance de tous ceux qui le connaissaient, et beaucoup d'autorité dans les corps dont il fut membre.

La cour des aides surtout, où il était entré en 1775 et qui l'eut longtemps pour doyen, ne délibérait dans aucune occasion importante sans recourir à ses avis. Avant d'y être admis, il jouissait déjà de l'intimité du chef de cette compagnie, ce grand et malheureux Malesherbes, dont il partagea la philanthropie, l'austère vertu, l'oubli de soi-même et jusqu'au genre favori d'occupation scientifique, et qui perdit comme lui la vie par un crime, mais plus solennel et proportionné, si on peut le dire, au rang qu'il avait tenu, et à l'éclat des services qu'il avait rendus à son pays, à la philosophie et à la liberté.

L'Héritier a été nommé deux fois, depuis la révolution, juge dans les tribunaux civils du département de la Seine. Ses collègues ne parlent encore qu'avec un sentiment presque religieux de la manière dont il en