Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/166

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neur, l'avait touché au point que c'était celui des événements de sa vie qu'il rappelait avec le plus de complaisance, et il ne le faisait jamais sans une vive émotion. Il y ajoutait, lorsqu'il était avec ses amis, des détails sur les efforts de l'intrigue pour avilir un grand homme, bien remarquables, mais trop has pour que je puisse les rapporter dans une assemblée grave, surtout à une époque où, la connaissance en serait inutile, puisque nous sommes sans doute pour jamais débarrassés de la crainte de les voir renaître.

L'éducation du jeune Secondat, sous les yeux d'un père tel que Montesquieu, avait obligé Darcet de faire une étude approfondie des belles-lettres ; il en a fait preuve dans les notes dont il a enrichi le Traité des questions naturelles de Sénèque, ce monument curieux des connaissances ou plutôt de l'ignorance des anciens sur la physique.

Je n'aurais pas parlé d'un avantage qui semble appartenir à toute éducation libérale, si on ne paraissait y donner trop peu d'attention dans celle d'aujourd'hui. Quelques jeunes gens, qui se livrent aux sciences avec succès, négligent, dit-on, les lettres ; et cependant celles-ci sont un besoin pour les premières. Qu'on se rappelle l'histoire des hommes qui ont le plus étendu le domaine des sciences, et l'on verra bientôt qu'il est plus nécessaire qu'on ne croit, pour apprendre à bien raisonner, de se nourrir des ouvrages qui ne passent d'ordinaire que pour être bien écrits. En effet, les premiers éléments des sciences n'exercent peut-être pas assez la logique, précisément parce qu'ils sont