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Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/180

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que sa vie fut toute polémique, qu'il sembla toujours se plaire à combattre les opinions les plus dominantes, et qu'il attaqua les intérêts les plus chers à certaines classes d'hommes.

Il est vrai que cette ardeur excessive à soutenir ses idées lui attira des haines implacables. Il fut longtemps en butte à toutes les calomnies, et plusieurs fois la victime de persécutions atroces. Une populace soulevée par les rapports mensongers de ses ennemis lui ravit en un seul jour le fruit du travail de toute sa vie, et ce ne fut qu'en s'expatriant qu'il parvint à lasser l'acharnement de ses persécuteurs. Mais, lorsque ses concitoyens semblaient l'abandonner, plusieurs peuples s'empressèrent de lui offrir un asile honorable, et en cet instant même où, dans un pays en guerre avec le sien, la principale institution littéraire de la nation vient lui payer par mon organe le triste et dernier tribut qu'elle doit à tous ses membres, je vois dans cette enceinte plusieurs de ceux qu'il a combattus joindre en quelque sorte leur voix à la mienne, et mettre par leur généreux concours le comble à son triomphe.

Les sciences et la philosophie n'auront rien à redouter de leurs aveugles ennemis, aussi longtemps qu'un pareil prix attendra l'homme qui aura agrandi le noble édifice de nos connaissances ; aussi longtemps qu'en servant ainsi l'humanité entière le génie saura s'affranchir des entraves des petites relations locales ; aussi longtemps, enfin, que le développement de vérités nouvelles fera pardonner ce que les opinions peuvent avoir d'ailleurs de bizarre, d'extraordinaire, peut-être