Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/217

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qu'il aurait pu l'être à plus d'un autre titre ; car il ne l'était devenu qu'après s'être donné toute l'éducation d'un savant.

On s'étonne maintenant de la nécessité où se trouva Fontenelle, lors du renouvellement de l'Académie des sciences, de se donner quelque soin pour prouver aux gens du monde que les sciences pouvaient être utiles ; on s'étonnera sans doute un jour qu'on ait besoin d'en prendre aujourd'hui pour montrer que les arts peuvent être savants.

Il faut qu'ils le soient pour atteindre entièrement leur but ; il le faut même pour que les sciences trouvent plus tôt toutes les occasions d'arriver au leur.

L'artiste ordinaire ne se règle que sur des pratiques transmises par tradition : le hasard ou de légers essais lui fournissent toutes ses améliorations ; des siècles peuvent s'écouler sans qu'il s'en rencontre aucune.

Le physicien, au contraire, procède en s'élevant aux principes des choses : il calcule d'avance tout ce qui peut dériver des principes qu'il connaît ; la moindre proposition générale qu'il découvre peut faire une révolution dans tous les procédés d'une longue série d'arts ou de professions mécaniques.

Mais qui porterait ces découvertes dans les ateliers, qui les répandrait dans les campagnes, qui interpréterait au peuple le langage, si mystérieux pour lui, de l'abstraction, si les savants n'admettaient dans leurs assemblées les praticiens les plus éclairés ; si ces derniers ne s'y instruisaient immédiatement de chaque observation dont ils peuvent tirer parti ; s'ils n'y étaient