Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/218

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formés à l'habitude des raisonnements rigoureux, et de la précision dans les expériences et dans les calculs ?

Et que l'on ne croie pas que les arts, simples disciples profitent seuls de cette admission : non-seulement ils réfléchissent sans cesse la lumière qu'ils reçoivent, ils éclairent encore par eux-mêmes.

Les faits bien constatés sont la seule matière dont le génie dispose pour élever l'édifice des sciences, et les hommes de pratique, qui vivent sans cesse au milieu des substances et des phénomènes, sont évidemment ceux qui peuvent recueillir les faits avec le plus d'abondance et de fruit.

Ainsi, que sauraient nos botanistes sur la physique des végétaux, si l'agriculteur n'eût fait connaître tous les degrés et les périodes de leur développement ? La teinture, la pharmacie, les arts qui fabriquent des liqueurs fermentées, n'ont-ils pas fourni à la chimie presque toutes les bases de ses plus hautes doctrines ? Les principaux matériaux de la physiologie n'ont-ils pas été pris au lit des malades ? et si nos géomètres calculent aisément le résultat mathématique d'un appareil projeté, ne faut-il pas qu'ils recourent à l'expérience du machiniste pour prévoir les modifications qu'entraînera l'exécution réelle ?

Et tous ces avantages, c'est seulement cette fréquentation, cette société familière et continuelle, aujourd'hui si heureusement établies parmi nous, qui les portent à leur plus haut degré.

Quelquefois, au milieu de la discussion la plus abstraite, nos praticiens trouvent à citer un fait qu'ils ont