Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/230

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gués de ceux qui ont fait varier les leurs au gré de chacun des dominateurs du moment ?

Cette fermeté extrême de caractère que nous venons de faire connaître en M. Cels n'était pas aussi nécessaire dans une compagnie dont les délibérations, ne portant point sur les objets qui excitent communément les passions des hommes, n'exigent pour l'ordinaire que du calme et de la réflexion. Ses manières purent donc parâtre quelquefois étranges dans le sein de l'Institut, et cependant nous eûmes souvent aussi à nous applaudir du principe d'où elles partaient.

Toutes les vérités ne trouvent pas aisément quelqu'un qui veuille les dire, même chez nous qui sommes essentiellement consacrés au vrai ; M. Cels semblait s'être chargé des plus difficiles ; et dans cette foule de projets dont nous assiègent, tantôt l'ignorance, et plus souvent encore la charlatanerie, c'étaient les mieux protégés qu'il attaquait avec le plus de force.

Son zèle s'exerçait même contre les mauvais livres ; il les croyait plus dangereux en agriculture, parce que les lecteurs sont souvent moins instruits : et ce n'était ni l'humeur ni la satire qui lui dictaient ses jugements ; mais, par un résultat involontaire de son ardeur pour le bien, l'apparition d'un méchant ouvrage était pour lui une véritable souffrance, une douleur réelle.

Nous avouerons volontiers que c'était pousser trop loin la vertu, et nous nous garderons de donner en exemple un sentiment dont l'exercice serait trop pénible, parce qu'il serait trop répété.