Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/233

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manquent jamais d'être impraticables en beaucoup de lieux.

On pourrait presque dire qu'il a été le martyr de sa doctrine ; car il prit sa dernière maladie en retournant son jardin, un jour qu'il avait mis toute la chaleur de son caractère à soutenir une disposition importante à l'agriculture, contre laquelle on faisait valoir des motifs tirés d'autres parties du service public.

Cette maladie fut violente comme son tempérament, et le mit en peu de jours au tombeau, le 15 mai dernier.

La nouvelle de sa mort nous arriva presque aussitôt que celle de sa maladie, et toutes ses circonstances étaient faites pour augmenter notre surprise et notre douleur.

Parmi tant de vieillards d'un tempérament faible, parmi tant d'hommes livrés aux méditations sédentaires et à la vie malsaine du cabinet, il en était un, robuste de corps, s'exerçant aux travaux champêtres, vivant dans l'air pur de la campagne, et c'était lui que la mort était venue choisir dans nos rangs ; elle l'avait atteint au moment de l'année le plus heureux pour lui, lorsque les seules richesses qu'il connût se renouvelaient dans tout leur éclat.

Ce jardin, son plus bel ouvrage, d'où il fallut enlever son corps ; cette verdure, ces fleurs, ce luxe de végétation ; ces paysans du voisinage qui croyaient venir aux obsèques d'un de leurs camarades, et se trouvaient mêlés à quelques-uns de nos premiers magistrats, de nos savants les plus illustres ; ce simple discours d'un