pêtait leurs leçons aux autres écoliers : aussi disait-il, en plaisantant, des professeurs actuels, qu'ils étaient ses élèves à la troisième génération. Nous nous sommes assurés par ses manuscrits, que, vers l'âge de dix-neuf ans, il avait déjà décrit méthodiquement plus de quatre mille espèces des trois règnes. Les seules opérations manuelles qu'un semblable travail exige prouvent qu'il y employait une partie de ses nuits.
C'était beaucoup pour son instruction ; mais ce n'était rien pour l'avancement de la science : la plupart de ces êtres étaient déjà connus et décrits dans les livres ; quelque climat peu visité pouvait seul lui en fournir en abondance qui n'eussent jamais été vus ni examinés par les naturalistes.
M. Adanson, brûlant dès lors de l'ambition de se placer, à quelque prix que ce fût, parmi ceux qui ont reculé les bornes de l'histoire naturelle, et ne connaissant pour cela, comme la plupart des jeunes étudiants, que la voie facile de multiplier la description des espèces, prit donc le parti de voyager. Il résigna son bénéfice ; obtint, à force d'instances et par le crédit de MM. de Jussieu, une petite place dans les comptoirs de la compagnie d'Afrique, et partit pour le Sénégal, le 20 décembre 1748.
Les motifs de son choix sont curieux : C'est que c'était, dit-il dans une note restée parmi ses papiers, de tous les établissements européens le plus difficile à pénétrer, le plus chaud, le plus malsain, le plus dangereux à tous les autres égards, et par conséquent le moins connu des naturalistes. Il ne faut pas avoir un zèle