Aller au contenu

Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

équivoque pour se déterminer précisément sur de pareilles raisons.

Au reste, il devait sentir moins qu'un autre la différence de Paris et d'un désert : travaillant partout dix-huit heures par jour, il ne s'apercevait guère s'il était près ou loin des jouissances du monde. Il paraît d'ailleurs avoir eu toujours un tempérament très-robuste. On le voit, dans sa relation, tantôt parcourir des sables échauffés à 60 degrés qui lui racornissaient les souliers, et dont la réverbération lui faisait lever la peau du visage ; tantôt inondé par ces terribles orages de la zone torride, sans que son activité en fût ralentie un instant.

En cinq ans qu'il passa dans cette contrée, il décrivit un nombre prodigieux d'animaux et de plantes nouvelles ; il leva la carte du fleuve aussi avant qu'il pût le remonter, et l'assujettit à des observations astronomiques ; il dressa des grammaires et des dictionnaires des peuples de ses rives ; il tint un registre d'observations météorologiques faites plusieurs fois chaque jour ; il composa un traité détaillé de toutes les plantes utiles du pays ; il recueillit tous les objets de son commerce, les armes, les vêtements, les ustensiles de ses habitants.

Nous avons vu chez lui tous ces travaux en manuscrit, et nous avons été étonnés qu'un homme, seul et dénué de toute assistance, ait pu y suffire en si peu de temps. Cependant ce court espace fut encore occupé par des méditations générales, beaucoup plus importantes, qui devinrent les principes de ses autres tra -