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Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/285

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trouille française eut été un arrêt de mort : il erra dans ces roches par un froid glacial, sans vêtements, sans nourriture, n'ayant qu'un peu de neige pour étancher sa soif, frappé de crainte au moindre bruit, craignant davantage encore qu'un détour ne le ramenât vers cette terre funeste à laquelle il venait d'échapper. Au point du jour, il heurte du pied quelque chose : c'était un cadavre ; peut-être celui d'un malheureux exilé fuyant comme lui les bourreaux de sa patrie. Une deuxième nuit plus cruelle que la première le surprend encore avant qu'il ait aperçu aucun lieu habité. Enfin, exténué de lassitude et de besoin, il rencontre, après quarante-huit heures, un pauvre pâtre, qui le conduit et le soutient jusqu'à la première cabane espagnole. Sa route jusqu'à Madrid ne fut guère moins pénible : à pied, sans argent, sans habits, plusieurs fois il se présenta chez des barbiers de village pour être leur garçon, ne demandant que sa nourriture pour salaire, et il fut refusé !

Heureusement il existe au milieu des associations politiques une association d'un autre ordre, qui cherche à les servir toutes, mais qui ne prend point de part à leurs continuelles dissensions. Les véritables amis des sciences, aussi dévoués à leur patrie qu'aucune autre classe d'hommes, sont encore unis entre eux de ces mêmes liens généraux qui les rattachent à la grande cause de l'humanité. Il suffit que le nom de M. Broussonnet fût prononcé, que sa position fût connue, pour qu'il reçût de tous ceux qui cultivaient les sciences, sans distinction de pays, de religion, ni d'engagements politiques, accueil, protection et se -