Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/304

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ques qui ne se laissent bien entendre qu'après les avoir vu exercer immédiatement.

Ses comparaisons, quelquefois triviales, mais toujours singulièrement justes et appropriées à leur objet, paraissaient donner à son éloquence quelque chose, de vulgaire, mais d'un vulgaire qu'un homme de beaucoup d'esprit pouvait seul trouver et faire passer : il savait que beaucoup de ses auditeurs n'avaient pas une éducation très-soignée, et c'était par un effort de talent qu'il descendait à leur niveau.

Se restreindre, se l'abaisser même ainsi, pour mieux remplir son devoir, est une sorte de dévouement bien rare dans les hommes qui pourraient travailler pour une gloire plus brillante et plus durable. Il est vrai que c'est un dévouement auquel les médecins sont en même temps plus obligés et plus habitués qu'aucune autre classe : le savoir le plus étendu, la sagacité la plus exquise ne peuvent souvent être employés par eux qu'à faire le bien passager de ce qui les entoure ; mais la reconnaissance de ceux qu'ils instruisent, les bénédictions de ceux qu'ils soulagent, sont pour eux une récompense journalière qui ne leur laisse pas le même besoin de vivre dans l'avenir, qu'aux philosophes solitaires, uniquement occupés de la recherche des vérités générales.

M. Lassus fut d'autant plus animé de cet esprit de sa profession, qu'il en éprouva plus qu'aucun autre toutes les jouissances : aimé de ses élèves et de ses malades ; chéri dans la société, dont il faisait le