Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/310

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et de l'onction ; mais ses idées ne s'accordèrent ni avec ces dispositions apparentes, ni avec les vues de ses chefs, et il pensa que l'étude approfondie des sciences convenait davantage à son esprit, en même temps qu'elle était plus propre à relever dans l'opinion publique l'état qu'il avait embrassé.

Il est vrai que, si l'on porte un regard attentif sur l'histoire des ordres religieux, l'on trouvera peut-être que c'est faute d'avoir marché avec leur siècle et de faire pour nous ce qu'ils ont fait pour nos ancêtres, qu'un si grand nombre de leurs établissements a déjà été détruit, et qu'ils se trouvent menacés d'une suppression universelle.

Les premiers moines qui s'établirent dans l'Occident sentirent bientôt que la vie contemplative des solitaires de la Thébaïde ne pouvait se pratiquer à la rigueur dans un pays où le climat donne plus de besoins ; ils défrichèrent de vastes terrains incultes, et offrirent aux peuples l'exemple du travail et des vertus paisibles. Lorsque les barbares du Nord envahirent l'empire romain, les ouvrages des anciens, ces admirables monuments de la raison et du goût, furent conservés dans l'ombre des cloîtres pour une époque plus heureuse. Dans le moyen âge, lorsque l'anarchie féodale n'eut plus de frein ; lorsque les campagnes furent livrées à l'oppression, les chemins au brigandage ; lorsque les propriétés et les personnes furent devenues partout la proie du plus fort, la religion seule fut capable d'imposer à la violence et de l'arrêter quelquefois au seuil des monastères : il n'y eut plus d'autre asile pour les