Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/339

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que cette idée ne présidât pas chez lui à toutes les autres ; sa façon particulière de concevoir les phénomènes organiques, les germes préexistants qu'il plaçait partout, lui rendaient cette action plus nécessaire encore, et les dispositions de son esprit à cet égard furent toujours puissamment secondées par celles de son cœur.

C'est dans sa Palingénésie, le dernier de ses ouvrages philosophiques, qu'il peint le mieux la bonté de son âme. Les maux de ce monde et l'irrégularité de leur distribution font de l'autre vie un complément trop nécessaire de la justice divine pour qu'il pût admettre l'une sans l'autre, et il avait trop vu la douleur accompagner dans tous les êtres la sensibilité, pour qu'il voulu en priver aucun de ce dédommagement : il admettait donc pour les animaux un perfectionnement qui les en rendrait dignes, et pour nous-mêmes un perfectionnement proportionné qui serait notre principale récompense. Ainsi, chaque être montera dans l'échelle de l'intelligence, et le bonheur consistera à connaître. Les œuvres de Dieu paraissaient si excellentes à Bonnet, que connaître pour lui était encore aimer.

L'on voit par ce peu de mots la vérité de ce que nous avions annoncé : que ses dernières méditations se lient étroitement avec les premières ; que toutes ensemble forment un système général qui embrasse toute la nature, et qui la présente sous des images, sinon toujours certaines, du moins toujours claires et faciles à saisir. Ces germes, multipliés à l'infini,