Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/391

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Toutes ces institutions portent un caractère de grandeur et de générosité qui entrait essentiellement dans ses vues. Le gouvernement, selon lui, devait l’instruction au peuple aux mêmes titres que la justice et la sûreté ; et il trouvait d’autant plus convenable d’y consacrer une partie importante du revenu de l’État, qu’une instruction très-répandue lui paraissait le moyen le plus sûr de rendre facile et le maintien de la sûreté et celui de la justice.

Nous n'ignorons pas que les ennemis de M. de Fourcroy ont pu reprendre, dans quelques-uns de ses discours politiques, le langage usité dans le temps où il les fit ; mais c’est la faute du temps, et non la sienne. Qui ne se souvient que les propositions les plus nécessaires auraient été rebutées, si on ne les eût revêtues de ce grossier idiome ? Autant vaudrait donc blâmer ceux qui traitent avec les sauvages du Canada, de ne pas leur parler dans le même style que l’on harangue les princes de l’Europe.

M. de Fourcroy étant sorti, en 1798, du conseil des Anciens, ses travaux législatifs furent interrompus, et il saisit ce moment pour rédiger son grand Système des connaissances chimiques, ouvrage immense, fait en dix-huit mois, et dont le manuscrit, tout entier de sa main et presque sans ratures, prouve à quel point il portait la facilité. Mais ce temps de repos ne fut pas de longue durée : nommé conseiller d‘État à l’époque du gouvernement consulaire, il fut bientôt chargé de reprendre les travaux qu’il avait commencés pour la restauration de l'instruction publique.