qui avaient commencé son éducation, et qui auguraient bien de ses talents, lui offrirent des secours plus réels, à condition qu’il s’engagerait avec eux. Il aima mieux se créer à lui-même des ressources. Quelques leçons de mathématiques données à des jeunes gens suffirent à ses besoins les plus pressants, et tous ses moments de loisir furent employés à se préparer à une profession indépendante. C’est à ce titre que M. Desessarts fit choix de la médecine ; mais, à peine s’y fut-il livré, qu’il aima pour elle-même, qu'il y vit à la fois, ce qu’elle est en effet, la plus étendue des sciences, le plus utile des arts, et l’état le plus digne d’un homme dont le cœur est animé de l’amour de ses semblables.
Ce sentiment de sa jeunesse a été celui de toute sa vie ; personne n’a été plus médecin, médecin de meilleure foi : la médecine était pour lui une seconde religion, dont les devoirs ont rempli ses longues années. Ne songeant ni à la gloire ni à la fortune, incapable de jalousie, jusqu'à ses derniers jours, il étudiait, il accueillait avec la candeur d’un jeune homme tout ce qui se faisait sur son art : à quatre-vingt-deux ans, il remplissait nos séances de mémoires, de rapports étendus, sur les moindres ouvrages qui paraissaient en médecine. C’était lui qui nous tenait au courant de tous les travaux de ses confrères ; et l'on peut dire que la médecine avait en lui, dans nos assemblées, un représentant infatigable, qu’elle ne remplacera peut-être de longtemps.
Cependant il n’avait pu d’abord exercer sa profession à Paris ; car, dans l'ancien ordre des choses, il en coûtait assez cher pour être admis dans la Faculté de cette ville.