Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/405

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ainsi dire, au moment de sa conception ; il rappelle avec force à la mère ses devoirs envers son fruit pendant la grossesse, ceux que la nature lui impose après la naissance ; il lui fait un tableau effrayant des suites auxquelles la négligence de ces devoirs, expose son enfant. Tout ce qui regarde les aliments du jeune nourrisson, ses vêtements, son coucher, son sommeil, ses mouvements, sa propreté ; tout ce qui peut prévenir ou réparer les accidents ordinaires à cet âge ; les maux qui résultent de la dentition, et ceux que peuvent occasionner les indispositions de la nourrice, y sont traités avec ce détail qui suppose une grande expérience, et cette sagesse qui annonce un jugement exercé : mais ce qui y fait le plus de plaisir, c’est le sentiment dont l’auteur y est animé partout. « Un amour vrai pour les enfants lui a fait prendre la plume ; son unique inquiétude est la crainte de ne ne pouvoir persuader celles pour qui il écrit. » Nous ne nous flattons pas de faire un grand nombre de prosélytes, disait-il, en 1760, dans sa première édition, tout en leur poignant avec chaleur le plaisir qu’elles auraient à nourrir elles-mêmes leurs enfants ; mais il reconnut trente ans après publiquement, et avec un plaisir bien excusable, quand même il s’y serait mêlé quelque amour-propre, qu’il avait eu tort de penser aussi désavantageusement des femmes, et que le nombre de celles qui nourrissaient elles-mêmes avait plus que décuplé dans cet intervalle.

C'est qu’une voix plus puissante que la sienne était venue à son secours.