Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/407

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Ce qui est singulier, c'est que ni Rousseau ni Balexerd ne firent la moindre mention de M. Desessarts, quoiqu’il soit certain que le premier avait son ouvrage sous les yeux en écrivant, et qu’on ne puisse guère en douter pour l’autre ; mais, ce qui est admirable, c'est que jamais M. Desessarts ne s’est plaint de leur oubli. Au contraire, quand il vit le but atteint, il oublia lui-même la part qu’il y avait eue, et ne songea à son propre livre qu’au bout de trente ans, vaincu par les instances des gens de l'art, qui l'engageaient à le réimprimer. Certainement cette conduite doit étonner la génération présente, qui se montre si délicate sur l'article du plagiat.

M. Desessarts a pu juger par une autre expérience combien la raison seule est faible, même contre les usages les plus déraisonnables.

À peine eut-on abandonné ces corps de baleine qu’il avait tant combattus, que l’on donna dans l'excès contraire : les jeunes femmes, auparavant si durement cuirassées, n’opposèrent bientôt qu’une toile légère aux injures de l’air et aux regards. Le médecin des enfants crut devoir se faire le conseiller des mères, et lut ici quelques discours sur les suites de cette mode perfide ; mais il n’avait plus un Jeann-Jacques pour auxiliaire, et l’on eût dit que, chaque fois qu’il avait parlé, les vêtements perdaient encore quelque chose de leur ampleur et de leur épaisseur. Il s’en aperçut lui-même, et, riant de la témérité de son entreprise, il revint aux enfants, qu’il trouvait plus dociles.

Il réussit mieux dans une circonstance plus grave.