Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/121

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teux d’eſtre à mes gages, moy qui ſuis,

MADEMOISELLE,
Voſtre Serviteur.


CONTRE UN INGRAT.

LETTRE IV.


MONSIEUR,

Par l’affection que je vous ay portée dont vous eſtes indigne, je vous ay fait meriter d’eſtre mon ennemy. Si les Philiſtins autrefois n’euſſent laiſſé leurs vies ſous le bras de Samſon, nous ne ſçaurions pas aujourd’huy que la Terre eut porté des Philiſtins : Ils doivent leur vie à leur mort, & s’ils euſſent vécu dix ans plus tard, ils fuſſent morts trente Siecles plûtoſt ; Ainſi vous moiſſonnez malgré moy cette gloire de voſtre lâcheté, de m’avoir contraint de vous en punir. On me dira, je le ſçay bien, que pour avoir détruit un Pigmée, je n’attacheray pas à mon ſort la matière d’une illuſtre Epitaphe. Mais à regarder ſans intereſt le revers du paradoxe, ce Marius qui fit en trois Combats un Cimetiere à trois Nations, ne fut pas cenſé Poltron, lors qu’il frappoit les Grenoüilles