Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/122

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du Marais, où il s’eſtoit jetté : Et Socrate ne ceſſa pas d’eſtre le premier homme de l’Univers, quand il eut écraſé les poux qui le mordoient dans ſon cachot : Non, non petit Nain, ne penſez pas eſtre quelqu’autre choſe ; eſſayez de vous humilier en voſtre neant, & croyez, comme une article de Foy, que ſi vous eſtes encore auſſi petit qu’au jour de voſtre naiſſance, le Ciel l’a permis ainſi, pour empêcher un petit mal de devenir grand : Enfin vous n’eſtes pas homme ; & que Diable eſtes-vous donc ? Vous eſtes peut-eſtre une Momie que quelque Farfadet aura volée à l’Eſcole de Medecine pour en effrayer le monde : Encore cela n’eſt-il point trop éloigné du vray-ſemblable, puis que ſi les yeux ſont les miroirs de l’ame, voſtre ame eſt quelque choſe de bien laid, cependant vous vous vantez de mon amitié. Ô Ciel ! puniſſeur des hereſies, châtiez celle-cy du Tonnerre. Je vous ay donc aimé ? Je vous ay donc porté mon cœur en offrande, donc vous m’eſtimiez ſot, au point d’avoir par charité donné mon ame au Diable ; mais ce n’eſt pas de moy ſeul que vous avez médit, les plus chatoüillans Eloges qui partent de vous ſont des Satyres, & Dieu ne vous eut point échappé ſi vous l’euſſiez