Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/143

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eſtant mort, il peut s’emparer de ſes Livres, puis que ſes terres qui ſont des immeubles, ne ſont pas aujourd’huy ſans Maiſtres ; mais aprés tout cela quelques-fois quand on luy trouve le manteau ſur les épaules, il l’adopte pour ſien, & proteſte de n’avoir jamais logé dans ſa memoire que ſes propres imaginations : pour cela il ſe peut faire, ſes Écrits eſtans l’Hoſpital où il retire les miennes. Si maintenant vous me demandez la definition de cét homme, je vous répondray que c’eſt un Echo qui s’eſt fait penſer de la courte haleine, & qui auroit eſté muet ſi je n’avois jamais parlé : Pour moy, je ſuis un miſerable Pere, qui pleure la perte de mes enfans ; Il eſt vray que de ſes richeſſes il en uſe fort genereuſement, car elles ſont plus à moy qu’à luy ; Et il eſt encore vray que ſi l’on y mettoit le feu, en y jettant de l’eau, je ne ſauverois que mon bien, c’eſt pourquoy je me retracte de tout ce que je luy ay reproché : De quelle faute, en effet, puis-je accuſer un innocent qui n’a rien fait, ou qui (quoy qu’il ait fait) ne l’a fait enfin qu’aprés moy ? Je ne l’accuſe donc plus, nous ſommes trop bons amis, & j’ay toujours eſté ſi joint à luy, qu’on ne peut pas dire qu’il ait jamais travaillé à quelque