Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/24

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miere qui fit dormir Adam ; l’air n’aguere ſi condenſé par la gelée, que les Oyſeaux ny trouvoient point de place, ſemble n’eſtre aujourd’huy qu’un grand eſpace imaginaire, où les Muſiciens, à peine ſoûtenus de nôtre penſée, paroiſſent au Ciel de petits Mondes balancez par leur propre centre : Le ſerain n’enrheumoit pas au Païs d’où ils viennent, car ils font icy beau bruit ; Ô Dieux quel tintamarre ! ſans doute ils ſont en procez pour le partage des Terres dont l’Hyver par ſa mort les a fait heritiers ; ce vieux jaloux non content d’avoir bouclé preſque tous les animaux, avoit gelé juſques aux rivieres, afin qu’elles ne produiſiſſent pas meſme des images ; Il avoit malicieuſement tourné vers eux la glace de ſes miroirs qui coulent du coſté du vif argent, & ils y ſeroient encore, ſi le Printemps à ſon retour ne les eût renverſez ; Aujourd’huy le Beſtail s’y regarde nager en courant ; la Linote & le Pinſon s’y reproduiſent ſans perdre leur unité, s’y reſſuſcitent ſans mourir, & s’étonnent qu’un nid ſi froid leur faſſe éclorre en un moment des petits auſſi grands qu’eux meſmes : enfin nous tenons la Terre en bonne humeur, nous n’avons d’oreſnavant qu’à bien choyer ſes bonnes graces : À la verité dépitée de s’eſtre veuë au pillage de l’Au-