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Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/41

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les Muſes de l’Univerſité : elle n’en peut tenir ſon eau. Voyez comme des Montagnes de Rungis, elle piſſe en l’air juſqu’au Fauxbourg S. Germain : elle va recevoir de S. A. R. l’ordre des viſites qu’elle à faire ; & quelques ſourdes menaces qu’elle murmure en chemin, quelque formidable qu’elle paroiſſe, Luxembourg ne l’a pas plûtoſt apperceuë, que d’un ſeul Regard il la diſperſe de tous coſtez. En vérité l’amour pouvoit-il joindre Arcueïl & Paris par un lien plus fort que celuy de la vie ? Ce reptile eſt un morceau pour la bouche du Roy : c’eſt une grande épée qui va faire mettre par les Porteurs d’eau des bouts de bois à ſon fourreau ; c’eſt une Couleuvre immortelle, qui s’enfonce dans ſon écaille, à meſure qu’elle en ſort ; c’eft un apoſteme artificiel qu’on ne ſçauroit crever ſans mettre Paris en danger de mort ; c’eſt un paſté dont la ſauce eſt vive ; c’eſt un os, dont la moüelle chemine ; c’eſt un Serpent liquide, dont la queuë va devant la teſte. Enfin je penſe qu’elle a reſolu de ne rien faire icy que des choſes impoſſibles à croire ; elle ne va droit qu’à cauſe qu’elle eſt voûtée ; elle ne ſe corrompt point, encore qu’elle ſoit au tombeau ; elle eſt vive depuis qu’elle eſt en terre ; elle paſſe par