Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nir, & continuë en l’air malgré ſoy la ſecouſſe qu’elle s’eſtoit donnée : Mais d’où vient qu’a Rungis pour un peu de ſable qu’elle a dans les reins, elle n’urine que goutte à goutte, & que dans Arcueil où elle eſt atteinte de la pierre, elle piſſe par deſſus des Montagnes ? encore ce ne ſont là que des coups d’eſſay, elle fait bien d’autres miracles : elle ſe gliſſe eternellement hors de ſa peau, ſans jamais achever d’en ſortir ; & plus ſçavante que les Docteurs de la Faculté d’Hipocrate, tous les jours à Paris elle guerit d’un Regard plus de quatre cens mille alterez : elle ſe morfond à force de courir : elle s’enterre toute vive dans un tombeau pour vivre plus longtemps ; n’eſt-ce point que ſa beauté l’oblige à ſe cacher du Soleil, de peur d’en eſtre enlevée ? ou que pour s’eſtre entenduë cajoler au Village, elle devienne ſi glorieuſe qu’elle ne veüille plus marcher ſi on ne la porte ? je ſçay bien que dans ce long bocal de pierre (où ne ſçauroit meſme entrer un filet de lumiere) on ne peut pas dire qu’elle ſoit éventée ; & je ſçay bien pourtant qu’elle n’eſt pas ſage de paſſer par deſſus des portes ouvertes : cependant peut-eſtre que je la blâme à tort ; car je parle de ce mole d’Architecture, ſans ſçavoir en-