Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/58

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qu’il n’y en a pas un de nous qui ne croye quand noſtre Nef eſt remontée, qu’elle a paſſé à travers la maſſe du monde, ſur la mer de l’autre coſté : Helas où ſommes nous, l’impudence de l’orage ne pardonne pas meſme au nid des Alcions : les Balaines ſont étouffées dans leur propre Element ; la mer eſſaye à nous faire un couvre-chef, de noſtre Chaloupe ; Il n’y a que le Soleil qui ne ſe mêle point de cét aſſaſſinat, la Nature l’a bandé d’un torchon de groſſes nuées, de peur qu’il ne le viſt ; ou bien c’eſt que ne voulant pas participer à cette lâcheté, & ne la pouvant empêcher, il eſt au bord de ces Rivieres volantes, qui s’en lave les mains : ô vous ! toutefois à qui j’écris, ſçachez qu’en me noyant je bois ma faute : car je ſerois encore à Paris plein de ſanté, ſi quand vous me commandâtes de ſuivre toujours le plancher des Vaches, j’euſſe eſté,

MONSIEUR,
Voſtre obeïſſant Serviteur.