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Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/71

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choſes ſa pudeur, quand je vois que comme ſi elle eſtoit honteuſe de ſe voir careſſer ſi proche de ſa mere, elle repouſſe avec murmure les mains audacieuſes qui la touchent. Le Voyageur qui s’y vient rafraîchir, courbant ſa teſte deſſous l’onde, s’eſtonne qu’il ſoit grand jour ſur ſon Horiſon, pendant qu’il voit le Soleil aux Antipodes, & ne ſe panche jamais ſur le bord, qu’il n’ait peur de tomber au Firmament. Je me laiſſerois choir avec cette Fontaine au ventre de l’Eſtang qui la devore, mais il eſt ſi vaſte & ſi profond, que je doute ſi mon imagination s’en pourroit ſauver à nage : J’obmettray les autres particularitez de voſtre petit Fontainebleau, puis qu’autrefois elles vous ont charmé comme moy, & que vous les connoiſſez encore mieux ; mais ſçachez cependant que je vous y montreray quelque choſe qui ſera nouveau, meſme aux inventions de voſtre Peintre ; Reſolvez-vous donc une bonne fois à vous dépêtrer des embarras de Paris ; voſtre Concierge vous aime tant qu’il jure de ne point tuer ſon grand Cochon que vous ne ſoyez de retour, il ſe promet bien de vous faire dépoüiller cette gravité donc vous morguez les gens avec vos illuſtres emplois : Hier au ſoir il nous diſoit à table, aprés avoir un