Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/85

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liere de Dieu, une ame pourroit revenir ſur la terre, demander à quelqu’un le ſecours de ſes prieres, eſt-ce à dire que des Eſprits ou des Intelligences, s’il y en a, ſoient ſi badines que de s’obliger aux quintes écervelées d’un Villageois ignorant, s’aparoiſtre à chaque bout de champ, ſelon que l’humeur noire ſera plus ou moins forte dans la teſte mal timbrée d’un ridicule Berger, venir au leure comme un Faucon, ſur le poing du Giboyeur qui le reclame, & ſelon le caprice de ce maraut danſer la guimbarde ou les mataſſins. Non je ne croy point de Sorciers, encore que pluſieurs grands Perſonnages n’ayent pas eſté de mon avis, & je ne defere à l’authorité de perſonne, ſi elle n’eſt accompagnée de raiſon, ou ſi elle ne vient de Dieu, Dieu qui tout ſeul doit eſtre crû de ce qu’il dit, à cauſe qu’il le dit. Ny le nom d’Ariſtote plus ſçavant que moy, ny celuy de Platon, ny celuy de Socrate, ne me perſuadent point ſi mon jugement n’eſt convaincu par raiſon de ce qu’ils diſent : La raiſon ſeule eſt ma Reyne, à qui je donne volontairement les mains ; & puis je ſçay par experience que les eſprits les plus ſublimes ont choppé le plus lourdement, comme ils tombent de plus haut, ils font