Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/86

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de plus grandes cheutes ; Enfin nos peres ſe ſont trompez jadis, leurs neveux ſe trompent maintenant, les noſtres ſe tromperont quelque jour. N’embraſſons donc point une opinion, à cauſe que beaucoup la tiennent, ou parce que c’eſt la penſée d’un grand Philoſophe ; mais ſeulement à cauſe que nous voyons plus d’apparence qu’il ſoit ainſi que d’eſtre autrement. Pour moy je me moque des Pedans qui n’ont point de plus forts argumens pour prouver ce qu’ils diſent, ſinon d’alleguer que c’eſt une maxime, comme ſi leurs maximes eſtoient bien plus certaines que leurs autres propoſitions. Je les en croiray pourtant, s’ils me montrent une Philoſophie, dont les principes ne puiſſent eſtre revoquez en doute, deſquels toute la Nature ſoit d’accord, ou qui nous ayent eſté revelez d’en-haut, autrement je m’en moque, car il eſt aiſé de prouver tout ce qu’on veut, quand on ajuſte les principes aux opinions, & non pas les opinions aux principes. Outre cela quand il ſeroit juſte de déferer à l’authorité de ces grands Hommes ; & quand je ſerois contraint d’avoüer que les premiers Philoſophes ont étably ces principes, je les forcerois bien d’avoüer à leur tour que ces Anciens-là, non plus que nous, n’ont pas